Yuko Hirota, Reiko Tostsuka
« piano et choses »
Concert du jeudi 7 décembre 2006 Scots Kirk
Une belle complicité galopante et souriante entre les deux musiciennes japonaises, que ce soit au piano ou avec les fameuses choses…
Découvrir d’un même mouvement deux aventures personnelles poétiques et fascinantes et la parfaite adéquation de la vie elle-même, la vie tout court : voila qui motive une réflexion et une forme d’exercice d’admiration.
Une vie vouée au son pur, au son vertical qui s’élève droit vers le ciel-soleil, Yuko Hirota est une musicienne ascensionnelle : elle sait attendre, tapie en silence et hors du temps, que quelque chose lui advienne, ensuite elle est capable de grimper vers des hauteurs vertigineuses par éclats fulgurants ou murmures feutrés à la limite de l’audible.
L’ellipse et l’image sonore évoquée sur un fil tendu, une ossature légère, rythmée à son gré par des élans et des reprises surprenantes.
Elle se sert des lignes de vie qui passent et peuvent traverser l’espace en visitant l’une ou l’autre des personnes présentes, en ricochant sur d’autres…
Elle dispose d’une provision de sons, de phrases sonores, on pourrait presque dire de personnages sonores et elle connaît de multiples combinaisons pour les faire respirer, leur donner vie dans la « profonde fraîcheur mi-ombre, mi-lumière » dont parlait René Char et qui s’applique bien ici dans cette crypte.
Reiko Tostsuka, élève et complice est sur la même longueur d’onde et accompagne, caracole en bonne compagnie dans cette subtile percée du silence ou mélopée intuitive ; aucune des deux ne venant faire d’ombre à l’autre… Ensemble elles se risquent à travers le proche et le lointain, elles adoptent les sons fertilisés sur un sol qui vibre, captent des présences chiffrées, traduisent la géomancie des frissons.
Par le tintement léger des pots de fleurs, elles construisent les allégories intrépides et secrètes qui nous atteignent au plus profond de nous-mêmes.
Une musique invitante, un mystère flottant qui avance maîtrisé par les deux musiciennes, une méta-musique des choses en vers très libres pour dire l’étonnement d’habiter là cette maison du temps qui avance…